Paysages sonores

  • Productions d'élèves des classes de 6ème et  5ème du collège Debussy, Nantes - 2006

  • Niveau éducatif : 6ème, 5ème

  • Nombre de séances : environ 15 séances réparties sur les trois phases du travail

  • Professeur-animateur : Jean-Martial Fouilloux

Un travail autour des paysages sonores

L'apparition d'une nouvelle lutherie constitue l'un des aspects les plus riches offert par l'ordinateur. L'évolution des nouvelles technologies appliquées au domaine du son permet aujourd'hui de transformer l'ordinateur en un véritable instrument musical, avec ses potentialités, ses limites et ses gestes spécifiques. Ici, les gestes musicaux sont à découvrir et à construire. De plus, la conception des nouveaux logiciels permet une approche relativement intuitive à la portée des jeunes. La démarche proposée ci-dessous vise à découvrir et s'approprier des objets sonores puis à réaliser de petits montages.

La notion de paysage sonore, développée par Murray Shafer[1], est suffisamment riche pour être exploitée à différents niveaux et à travers des expressions différentes, vocales, instrumentales. Même dans le cas présent j'insisterai plus sur la dernière phase, la conception sur ordinateurs, il est important de préciser que ce travail s'inscrit dans une continuité faisant appel à la capacité de l'élève à transférer ses découvertes d'une matière à l'autre.

Étant donné le temps disponible, il ne pourra être question de développer toutes les étapes du processus décrit ci-dessous. C'est la construction du projet, le choix des objectifs qui déterminera l'opportunité de travailler de manière plus conséquente telle ou telle partie.

Informations pédagogiques

  • Objectifs

    • Construire seul ou en groupe une courte œuvre

    • Répartition spatiale et temporelle des événements sonores

  • Compétences travaillées :

    • En fin de séquence, l'élève est capable de choisir des sons et de les organiser en fonction d'un cadre donné par l'enseignant. Il est capable de justifier ses choix.

  • Problèmes que les élèves seront amenés à surmonter :

    • Savoir enregistrer et/ou choisir les sons en fonction des circonstances et partis pris donnés

    • Sortir de l'événementiel, du purement descriptif, ou du linéaire

    • Éliminer ce qui est superflu

    • Savoir organiser les sons

    • Savoir analyser les œuvres des autres tout en défendant la sienne

    • Transférer ces découvertes dans une découverte du patrimoine

  • Notions : horizontalité, verticalité, alternance, répétition, décalage, juxtaposition, superposition, plans sonores, nuances, augmentation, diminution, ...

  • Œuvres écoutées :

    • ( en fonction des objectifs et notions choisies) : Sud de Risset, Variation pour une porte et un soupir de Pierre Henry, les cris de Londres de Berio, City Life de Reich, les cris de Paris de Janequin, les Indes galantes de Rameau ,Ghost Opera de Tan Dun, les éléments de Reibel, Money de Pink Floyd, les œuvres de Bayle, de Ferry, de Le Bars, d'Aperghis,...

  • Œuvres interprétées:

    • Le cartable rythmique et Monfourygroove de Guillaume Saint James, Ta katie t'a quittée de Lapointe, Comic strip de Gainsbourg, ...

  • Autres références:

    • Jeux sonores de Guy Reibel, Le geste musical de Claire Renard , les UST

  • B2i:

    • C.1.1 : s'identifier sur un réseau

    • C.1.2 : accéder aux logiciels et aux documents disponibles

    • C.1.3 : organiser ses espaces de stockage

    • C.1.6 : faire un autre choix que celui proposé par défaut

    • C.2.3 : utiliser des documents en respectant le droit.

    • C.2.7 : mettre ses compétences au service d'une production collective.

    • C.3.3 : regrouper plusieurs éléments (texte, image, son...)

    • C.3.7 : traiter un fichier image ou son

    • C.5.2 : ouvrir et enregistrer un fichier joint à un message

    • C.5.3 : envoyer un message avec un fichier joint.

    • C.5.4 : utiliser un carnet d'adresses ou un annuaire

Chemins

Enrchidine
Enrchidine, variation
Matthieu : montage
Leila : Marine
Chris
La ville
Jérôme : La crypte

Contrastes

Un processus étalé sur toute la scolarité au collège

Le choix de sons, de l'organisation de ces sons, en fonction de contraintes, peut être abordé dans des cycles à différents moments du collège. Je propose ici de le faire en trois temps.

Invention de paysages en sixième

Dans un premier temps, en sixième, par exemple, lors de l'approche des caractéristiques du son, des plans sonores, ou des modes de jeu, on peut, dans un aller retour avec des écoutes, proposer à des petits groupes d'élèves d'inventer leur propre paysage (forêt, ville, ou école,...) sonore. C'est l'occasion d'aller faire une « pêche » aux sons, si l'on travaille à partir du milieu environnant, ou d'explorer les possibilités des instruments de la classe. (prévoir des grandes feuilles avec les matériaux signalés où les élèves dessineront leurs projets). Les temps de restitution pourront être aussi l'occasion de cibler l'écoute par des feuilles d'évaluation centrées sur l'objectif choisi.

Découverte des objets sonores

Dans un deuxième temps, au cycle central, par exemple,les élèves vont lors de séquences d'écoute, identifier, comparer et reproduire des objets sonores. On pourra partir d'œuvres de Varèse, Xenakis, Aperghis, Reich, Le Bars... pour découvrir des paysages sonores .

En fonction des thèmes abordés en cours, un « catalogue » de sons communs à la classe sera constitué. Si on manque de sons, souvent un simple balayage de l'ordinateur avec la commande rechercher « *.wav » permet d'en récupérer un grand nombre. On peut en trouver sur Internet ou sur des CD spécialisés . Le mieux serait de les faire collecter par les élèves.

Cette deuxième étape peut se faire en collaboration avec le professeur de technologie. Les élèves vont pouvoir manipuler les sons à l'aide d'un éditeur de sons tel que Sound Forge ou Wavelab. Ils pourront les transposer, les couper, les coller, ...

La réalisation de montages en troisième

Des logiciels tels que making waves Music maker ou Acid permettent de réaliser des montages avec une mise en œuvre assez rapide. (voir les photos d'écran)

Ce travail est par contre assez lourd pour l'enseignant dans sa première mise en place, mais ensuite il ne demande pas plus de temps qu'une préparation de cours normale. Il y a intérêt à bien initier la gestion des dossiers de travail et à limiter dans le temps chaque invention. De plus, il est nécessaire de faire réaliser quelques esquisses et de les comparer en classe afin d'initier le travail.

Cette construction est similaire à celle d'un texte à partir d'un champ lexical en français. Il y a donc des passerelles possibles. On peut aussi facilement imaginer la collaboration avec le professeur d'arts plastiques. Dans le même ordre d'idée, ces inventions peuvent être mises en relation avec un support visuel. Dans l'atelier de théâtre du collège, la pièce travaillée se passe dans un hall de gare. Nous sommes donc allés avec quelques élèves « chasser » des sons que nous allons monter dans le même esprit.

Ces créations peuvent être collectées, comparées, transformées...On insistera ainsi sur les formes, les organisations de l'espace et du temps, les plans sonores à partir d'un répertoire constitué par les élèves.

Conseils pratiques

  • Prévoir une banque d'images, de sons avant de commencer le travail, constituée par soi-même ou la classe. Y adjoindre un catalogue pour que les élèves puissent s'y retrouver. Si cette banque est en accès libre, garder dans un dossier protégé l'original.

  • Dès le début du travail, faire créer aux élèves dans leur casier personnel, un dossier avec leur nom et le type du travail dans lequel seront rangés tous les éléments, sons, images, montages... En effet, cela leur permettra de tout fournir à l'enseignant à la fin du travail sans oubli en cas de migration vers un autre ordinateur.

  • Comme nous, les élèves oublient souvent de sauvegarder . Même si c'est indiqué, ne pas oublier de le leur rappeler. Indiquer précisément le chemin de sauvegarde.

  • Prévoir à toutes les étapes les documents écrits : consignes, glossaire, modes d'emploi, verbalisation, évaluation, etc...

  • Limiter l'ampleur du travail, en longueur (quelques dizaines de secondes) et en nombre de sons choisis (entre 5 et dix)

  • Du côté de l'expression artistique:

    Le problème de la musicalité n'est pas simple à gérer. Notre rôle est de clarifier les enjeux , en prenant conscience des implicites inévitables dans une telle situation:

    • Choisir en fonction des objectifs de départ, un cahier des charges, un parti pris esthétique, ecrit, sur lequel la validation est explicitement exprimée. On peut substituer au langage verbal une mise en relation avec le geste, l'image, ...

    • Donner les éléments de langage musical spécifiques à la situation

    • Permettre à l'élève de s'engager en l'amenant à expliciter ses choix et sa démarche, et leur pertinence.

    • Ne pas hésiter à faire des allers et retours avec le groupe classe pour permettre une verbalisation des moments un peu délicats, tels que les choix de mise en forme, d'organisation (rupture, alternance, répétitions,...), et relancer le travail de réécriture.

  • Assurer une publication des travaux (dans le réseau informatique ou au moins auprès de la classe)

  • Enfin, s'il y a peu d'ordinateurs disponibles, utiliser les supports écrits pour relayer (photos d'écran, travail sur l'attendu et le réalisé, ...)