CREAMUS

Après être passés par toutes les étapes décrites précédemment, il est temps de passer à la phase de composition. Dans le cadre d'un projet comme celui-ci, qui se déroule sur 4 ou 5 séances, l'enseignant effectue les manipulations sur la dictée des élèves afin d'évacuer toutes les difficultés purement techniques et de se concentrer sur les aspects purement artistiques. La question qui va alors se poser en permanence est l'équilibre entre la part laissée aux élèves et celle que doit occuper l'enseignant afin de remplir sa fonction de guide.

Du strict point de vue du plaisir des enfants, l'expérience montre qu'ils sont déjà très satisfaits d'entendre les sons qu'ils ont enregistrés, qu'ils ne saisissent pas bien les enjeux d'une composition, et qu'ils acceptent très facilement les propositions de l'enseignant.

A aucun moment donc ils ne vont opposer une résistance qui pourrait servir de repère à l'enseignant : ne lui reste alors qu'un équilibre à établir en son âme et conscience entre les propositions des enfants et la connaissance qu'il souhaite faire passer.

Personnellement je laisse une grande latitude aux enfants, mais j'interviens toujours au moment où j'estime que l'on tombe dans le catalogue de sons.

C'est la notion la plus importante, à mon sens, à faire passer : une composition n'est pas une suite désordonnée de sons, mais une construction qui interdit certaines options à un moment donné afin de conserver une certaine cohérence.

Même si au départ tout est ouvert, le nombre de possibilités se réduit au fur et à mesure que l'on avance.

Pour ce qui est du mixage, les enfants entendent très vite qu'un son est trop fort ou trop faible par rapport à un autre. Le rôle de l'enseignant est alors de proposer ou d'induire ce qui lui paraît le plus judicieux : baisser un son ou monter l'autre.

Les ateliers de composition se déroulent à raison d'1/2h par séance, pendant 1 ou 2 séances, par demi-classe ou par classe entière.

Les choix des sons s'effectuent par les enfants, avec l'accord d'une majorité. Même si très souvent ces choix dépendent du leader du groupe ou s'enracinent dans des raisons affectives, cela oblige le groupe à discuter et à argumenter, à comparer différentes possibilités et à prendre des décisions après un débat, si court soit-il.

Les enfants vivent là un embryon de démarche compositionnelle. L'enseignant intervient pour indiquer les différentes possibilités sous forme de questions, de sorte à offrir le maximum de décisions aux enfants: ajouter d'autres sons, lesquels, équilibrage des volumes (mixage), couper les séquences jeu trop longues, fade in , fade out....

Le résultat obtenu est en général une petite composition allant de 30 secondes à 1 minute.