Analyse et transcription de Prosopopée 1 - premier mouvement de la Symphonie pour un homme seul

Fanny Rebillard a choisi de repérer en détail toutes les occurrences des objets sonores présents dans cette séquence de la pièce.

Elle a ensuite mis au point une bibliothèque de symboles propre à cet extrait en déterminant cinq catégories de sons auxquelles elle a attribué des couleurs :

le rouge symbolise « les sons beaucoup plus forts que la moyenne et ayant une certaine importance du point de vue formel ;

le rose est utilisé uniquement pour caractériser les sons provenant de la voix humaine et ayant un niveau sonore assez bas ;

les teintes jaune/orange servent à représenter la plupart des sons percussifs et/ou instrumentaux formant des groupes remarquables ;

le bleu symbolise les sons percussifs ou instrumentaux de puissance moindre ;

et les couleurs quadrillées symbolisent les amas de bruits difficilement identifiables, mêlant généralement des sons issus de sources différentes. »

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Extrait de la conclusion de l'analyse de Fanny Rebillard

La fin du morceau, résume en quelque sorte les événements caractéristiques des deux parties précédentes. On y retrouve la première superposition de l'introduction ainsi que le premier motif mélodique en pizzicati du développement. Néanmoins, celle-ci est contrastante par rapport au reste du morceau : la voix que l'on entend de nouveau ne chante plus le même motif et se perd progressivement dans un écho.

L'ensemble du mouvement suit une intensité sonore décroissante, commençant par deux amas de bruits et se terminant en decrescendo par quelques sons isolés, le retour du tout premier son percussif apportant un point final à la pièce. Le rythme va également en décélérant.

On peut se demander la signification de cette pièce, la prosopopée étant une figure de style permettant, dans le domaine de la narration, de faire parler un objet inanimé ou mort. La prosopopée se trouve peut-être ici dans une sorte de dialogue tenu entre les différents échantillons sonores de la pièce, dont certains sont clairement d'origine humaine, et appuyés ou imités par d'autres sons venant d'objets inertes. Peut-être s'agit-il là d'un dialogue entre « l'homme seul », objet de cette symphonie, et le monde qui l'entoure.

Référence de l'extrait :

« Prosopopée 1 », extraite de la Symphonie pour un homme seul de Pierre Henry et Pierre Schaeffer (1950)