Différences de style

Il y a quelque chose que je voudrais souligner : il existe de grandes différences d'un enfant à l'autre. Dans le cas que nous venons de voir, – nous parlons d'enfants de deux ans – l'enfant se concentrait beaucoup sur ce qu'il faisait, à tel point que dans certaines occasions cet enfant arrive à produire une construction sonore très organisée. Il y a des enfants moins concentrés mais très actifs au niveau moteur.

Nous voyons ainsi des enfants plus ou moins actifs, des enfants qui aiment certains sons, d'autres qui les évitent, certains qui, lorsqu'ils commencent, se « jettent » sur l'instrument et d'autres qui, au contraire, attendent que l'éducatrice sorte et commencent leur exploration peu à peu. Il y a donc une stratégie personnelle dans la façon de s'approcher de l'instrument et dans la manière de construire dans le temps leur exploration. Surtout au niveau psychomoteur, il y en de très actifs et d'autres moins. C'est ce que nous appelons des différences de style.

Il y a aussi des différences marquées entre les filles et les garçons et je ne sais pas quoi en penser ; c'est un thème très délicat et difficile, parce qu'il peut nous conduire à des théories sur la génétique et les genres qui en France se discutent beaucoup. Je ne saurais pas quoi en conclure. Surtout sur la théorie du genre : je ne veux pas tirer de conclusions (rires de l'auditoire).

Dans le livre, nous avons publié quelque chose que je ne peux pas ne pas mentionner : nous observons qu'il y a des différences quantitatives entre les garçons et les filles. Les statistiques que nous avons faites dans tous les cas confirment les différences : les garçons tapent presque trois fois plus que les filles, et au contraire les filles frottent deux fois plus que les garçons. Il faut dire que les garçons passent plus de temps sur les percussions, surtout les cymbales, et les filles beaucoup moins.

Nous ne savons pas quoi en conclure. Ces enfants ont déjà plus d'un an. Au début on peut penser qu'il pourrait s'agir d'une attitude culturelle de la famille où se renforce la différence entre la conduite du garçon « qui tape sur tout » et de la fille « moins agressive »... En tout cas, ces différences observées que nous avons publiées peuvent appeler une possible discussion : les garçons face aux cymbales sont plus actifs, passent beaucoup de plus de temps à taper, tandis que les filles le font de façon plus brève. Ce qui est sûr c'est qu'il y a des différences.